Patrick Joseph McGoohan est né le 19 mars 1928
à 4 heures 31 du matin dans le quartier dAstoria, à Long Island (New York). Sa
date et son heure de naissance sont mentionnées dans l'épisode d'ouverture de la série
(Arrival/L'arrivée). McGoohan est laîné de cinq enfants dont il était le
seul garçon. Ses parents, qui avaient émigré aux Etats-Unis en 1925, revinrent dans
l'Ile d'émeraude alors que Patrick avait 6 mois. Son père reprit la ferme qu'il avait
laissée quelques années plus tôt. Comme beaucoup d'Irlandais, il dut partir avec sa
famille chercher un travail plus rémunérateur en Angleterre, dans le bâtiment. En 1939,
les McGoohan furent évacués dans le comté de Leicestershire et Patrick fut scolarisé
au lycée privé de Ratcliffe. Dans une famille irlandaise, il était coutumier que le
premier garçon devienne prêtre et Patrick se destinait à entrer dans les ordres. Il
abandonna cette destinée vers la fin de son adolescence, mais est resté toujours très
croyant. On retrouve d'ailleurs quelques indices dans Le Prisonnier.
Ayant quitté lécole à 17 ans et demi et ne
désirant pas aller à luniversité (bien qu'ayant réussi les examens d'entrée à
Oxford), il exerça une foule de petits boulots : il travailla tour à tour dans une
manufacture de câbles, fut assistant comptable dans une banque, gérant dune ferme,
etc. Il conservait de son adolescence un attrait pour les planches et, un jour de 1947,
entra dans un théâtre de Sheffield qui s'appelait
"The Playhouse". Il y exerça une multitude de
petits boulots: décorateur, costumier, éclairagiste, remplacement dacteurs
malades... Par la suite, il joua jusqu'à 26 pièces par an. C'est à la Sheffield
Repertory Company qu'il fit la connaissance de JoanDrummond, sa future
femme, qu'il épousa en 1951 (ils sont toujours mariés et ont eu 3 filles). Cest
aussi vers la période très active du milieu des années 50 que McGoohan rencontra
beaucoup des acteurs de théâtre quil allait rappeler pour Le Prisonnier. Il
avait ainsi tourné avec Patrick Cargill (Thorpe dans Many happy returns/Le
retour et le sadique Numéro Deux de Hammer into anvil/Lenclume et le marteau)
dans "Time on their hands" en 1954, avec Finlay Currie (le
militaire grincheux et joueur déchecs de Chimes of Big Ben/Le carillon de Big
Ben) dans "Zarak" en 1958. Dans "Ring for Catty",
joué en 1956 au Q Theater, Guy Doleman et George Baker, les futurs Numéros
Deux de Arrival/Larrivée, se virent souffler le premier rôle par McGoohan.
Il fit des débuts pour le cinéma dans "Les
briseurs de barrages" (The dambusters) en 1954. Il tournera ensuite
"Train d'enfer" (Hell's drivers) aux côtés de Sean Connery, futur James Bond,
mais il n'avait guère d'attirance pour le milieu du cinéma qu'il jugeait factice. C'est
la télévision qui va en fait lui apporter la notoriété : il reçut le titre de
meilleur acteur de télévision en 1959 pour "The big knife", une
dramatique télévisée réalisée daprès la pièce de Clifford Odets. Elle le fit
remarquer auprès de Lew Grade ("il se meut comme une
panthère" dit de lui le futur Lord Grade), qui lui offrit le rôle de John
Drake, le héros de la série Destination Danger. La même année, la pièce de Ibsen "Brand"
jouée au Lyric Theater de Hammersmith à Londres lui valut la récompense des
critiques de théâtre londoniens. Destination Danger fut un succès commercial colossal
et Grade réussit à vendre la série aux Etats-Unis.
Acteur atypique, si McGoohan jugeait
certaines histoires trop violentes et sexy, il les faisait changer. Il a même refusé le
rôle de James Bond car il n'appréciait guère Terence Young. S'étant essayé à
l'écriture et à la réalisation, il décide de monter son propre projet. La légende
veut que Lew Grade lui ait donné son accord sur une poignée de main. Il fut le producteur
exécutif, le scénariste de trois épisodes de la série (Free for all/Liberté pour tous, Once upon a time/Il
était une fois et Fallout/Le dénouement), l'acteur
vedette, le réalisateur de 5 épisodes (Free for all/Liberté
pour tous, Many happy returns/Le retour, A change
of mind/J'ai changé d'avis, Once upon a time/Il était une fois et Fallout/Le
dénouement) Il était un bourreau de travail perfectionniste. Sa vision :
donner la qualité d'un film de cinéma à une série tournée pour la télévision.
Après le tournage de la série, il déclara au magazine américain Pace en 1969 "Le
Prisonnier était une tentative - qui a échoué réellement - de faire quelque chose de
légèrement différent à la télévision et en même temps, dexprimer ma position
sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur : la mise en numéros, la
médiocrité, le nivellement des gens par lacceptation. Il me semble que la
rébellion de nos jours, cest se rebeller contre lacceptation".
Son trajet depuis Le Prisonnier est
assez cahotique : il émigra en Suisse pendant 2 ans et prit la direction les
Etats-Unis : Santa-Fé où il participa à la réalisation de "Catch my
soul", une version rock de Othello (Elvis Presley tournait dans un
studio adjacent - sa femme, Priscilla, était une fan de McGoohan !) et enfin
Pacific Palisades au nord de Los Angeles. Il a tourné dans "Rafferty"
au milieu des années 70, une série dans laquelle il joue le rôle d'un toubib
bourru et au grand cur (dans un épisode, on l'entend même dire
"Be seeing you !"). Ses apparitions cinématographiques les
plus notables dans les années 80 furent "L'évadé d'Alcatraz"
(1979) avec Clint Eastwood et "Scanners" (1980) de David Cronenberg.
Curieusement, il semble abonné aux rôles de salauds, qu'il joue remarquablement
bien. Son
amitié avec Peter Falk lui vaut d'apparaître plusieurs fois dans Columbo.
Il a même reçu plusieurs récompenses aux Emmy Awards américains pour ses prestations
remarquées. Outre son rôle d'acteur, il est également passé derrière la camera
pour Falk et est même devenu coproducteur de la série. Le rôle d'Edward Ier
dans "Braveheart"
en 1995 aux côtés de Mel Gibson (fervent admirateur du Prisonnier !) l'a rappelé
aux bons souvenirs de Hollywood, même si ses apparitions dans des grosses productions
restent limitées. En avril 2000, son nom a été mentionné dans le magazine américain
Variety en tant que co-producteur exécutif de la version cinéma réalisée
d'après la série qu'il a créée.
Patrick McGoohan est décédé
le mardi 13 janvier 2009 à la suite d'une maladie.